Noël et sa magie, sa féérie. Noël et ses moments de joie et de partage. Innocence retrouvée le temps de quelques heures, de quelques jours. Enfance oubliée qui revient nous happer, qui nous rappelle ces années où tout semblait si simple. Noël, symbole de la famille aimante, de la famille unie. Douloureux rappel de ce qu’elle n’a plus, de ce qu’elle regrette. Coup de poignard dans ce cœur abîmé par l’absence. Les regrets qui reviennent. Le manque qui l’étouffe. Noël n’a désormais qu’un goût amer pour la jolie Laurens. Enveloppée dans cette nostalgie doucereuse qu’elle ne peut ignorer, elle a le cœur lourd et l’âme en peine. Elle aimerait tant pouvoir tout effacer. Revenir en arrière et tout recommencer. Elle rêve d’un père qui l’aurait accepté, d’un père qui n’aurait pas été si borné. Elle rêve d’une famille liée à jamais. Délicieuse fantaisie qu’elle caresse du bout des doigts, mirage fabuleux qu’elle ne pourra jamais atteindre. Parce qu’on ne peut défaire le passé. Parce qu’on ne peut revenir en arrière. Parce qu’il est trop tard… Charlie, elle aurait voulu faire les choses autrement. Elle aurait aimé que ses choix ne viennent pas foutre en l’air toutes ces années d’amour et d’union. Elle aurait voulu qu’il comprenne et qu’il accepte. Elle aurait voulu qu’il ne soit pas si fermé, si entêté. Mais ta fierté t’a aveuglé… Il y a eu la colère et la rancœur. Les mots violent, les mots destructeurs. Le pardon impossible et la tristesse dans le regard. Elle se souvient des larmes d’Olivia, de ses suppliques murmurées à son oreille. Elle se rappelle à quel point c’était dur et pourtant inévitable. Vous n’avez peut-être pas compris, mais moi, je savais que je faisais le bon choix… C’est du moins ce dont elle tente de se persuader pour ne pas finir écroulée sous le poids de la culpabilité.

Elle se demande ce qu’elle fait là, à voguer entre les rayons de ce magasin bien trop rempli. C’est angoissant. Oppressant. Elle s’inflige le supplice des achats de Noël, de ces rues bondées et de ces boutiques pleines à craquer. Mais l’Irlandaise, elle rumine un peu trop dans le calme froid de son appartement. Car le silence peut être autant salvateur que destructeur. Car la solitude lui est devenue bien trop familière. Car le poids du passé ne cesse de venir s’abattre sur ses épaules frêles. Elle réfléchit toujours trop Charlie. Elle s’enferme dans ses regrets, dans ses remords. Elle pense à cette sœur délaissée, cette sœur abandonnée. Elle pense à cette mère envolée et à ce père absent. Et elle a mal la jolie brune. Mal de voir qu’il a suffi d’un choix pour tout détruire. Suffit d’un rêve pour briser ce qui lui paraissait inébranlable. La voix d’une enfant vient stopper brutalement le cours de ses pensées obscures, comme un signe que le destin aurait mis sur son chemin. Arrête donc de te torturer Laurens… Son regard s’abaisse sur la fillette venue se mettre dans ses jupons. Ce visage, elle le connaît… Elle ne pourrait de toute façon pas se tromper tant la ressemblance avec son père est frappante. « Valentina ? » L’intonation de sa voix ne laisse planer aucun doute sur la surprise qui l’habite à ce moment-même. Il faut dire que le hasard peut être sacrément étrange parfois ! La voilà qui se retrouve face à la petite d’Aaron Campbell. Aaron… Une chaleur agréable s’empare d’elle rien qu’en pensant à cet homme. Néanmoins, Charlie se reconcentre bien vite sur l’enfant qui semble perdue au vue de l’absence de son paternel à ses côtés. « Qu’est-ce que tu fais là ma belle ? » Elle s’accroupit face à la petite tête brune afin de pouvoir la rassurer. « Viens avec moi, on va chercher ton papa. Il risque de s’inquiéter s’il ne te voit plus tu sais. » Sa voix est douce, posée, presque maternelle. Elle se relève et attrape la main de Valentina, un sourire aux lèvres. Pourvu qu’Aaron ne s’inquiète pas trop… Elle espère qu’il n’est pas loin et que par chance il n’a pas encore réalisé que sa fille s’est fait la malle sans lui. Mais elle ne compte pas trop là-dessus. Elle laisse la jeune Campbell la guider à travers le magasin, se rappelant visiblement où elle avait décidé de laisser son père et de continuer sa route sans lui. C’est sans surprise qu’elle retrouve un Aaron au rayon des appareils photos, absorbé par les produits proposés. « Bonjour Campbell. » lance-t-elle, un sourire aux lèvres et le regard espiègle. Sa main n’a pas lâché celle de la petite. Elle jette un regard à Valentina avant de le reporter sur le beau brun. « T’as perdu quelque chose je crois ! »