adam+arizona, raconté par bill.

**Invité** and all the devils are here

– Arizona, tu es là ?

J'entends la sonnette de l'appartement d'en face qui résonne. J'entends ensuite des poings qui martèlent la porte boisée de chez Arizona. Je ne la connais pas beaucoup, en réalité. Nous partageons un pallier et c'est plus ou moins tout ce que nous partageons. C'est une très belle femme ; bien plus belle que toutes celles que j'ai eu le loisir de pouvoir côtoyer dans ma jeunesse. Mais je ne suis plus jeune.

Je suis Bill. J'ai soixante ans depuis deux semaines. On a fait une petite fête, avec ma femme et nos enfants, et quelques amis proches. Ce n'était pas très agréable, mais eux étaient contents, c'est l'essentiel. En vérité, je n'aime pas trop voir des gens, depuis l'accident. Peu de personnes tombent sur les rails d'un train. Encore moins d'entre elles ont la chance de pouvoir en parler par la suite.

J'ai de la chance d'être en vie. J'ai un peu moins de chance, cela dit, de ne pas avoir de jambes. Je ne peux plus marcher, je ne peux plus courir. Je ne peux plus faire quoi que ce soit, en réalité. Tout ce que je peux faire, c'est attendre ... Et observer.

Ma famille me sort, parfois, mais je n'aime pas trop ça. Les prothèses ne sont pas très confortables, et quand je ne veux pas les mettre, tout le monde me regarde. Il s'agit d'une torture ou d'une autre, en somme. Moi, je préfère rester tranquillement à la maison. Ici, j'ai tout. Mes livres, ma télévision. Tom m'a même installé sa vieille console au cas où j'aurais envie de m'y mettre. Je ne l'avouerai jamais mais il m'arrive parfois de jouer au jeu des voitures qui doivent échapper à la police.

Sinon, parfois, j'écoute. C'est souvent lorsque j'entends. Quelque chose, de l'autre côté. Je ne peux plus voir à travers la lunette de la porte, simplement entendre les histoires qui se déroulent, de l'autre côté. J'ai dû rencontrer Arizona une demi-douzaine de fois depuis qu'elle a emménagé par ici. Nous, cela fait des années que nous y sommes. Je ne reconnais pas la voix de l'homme qui la cherche aujourd'hui, cela dit. C'est probablement un amant. Ou un frère. Ou un simple ami. Qui sait ? Certainement pas moi. Je ne sais même pas si elle est chez elle, aujourd'hui. J'hésite à aller lui dire qu'il perd son temps, vu comment il semble insister, le pauvre.

– ... C'est Adam.

Et ainsi, l'inconnu trouve un nom.

Adam ...

Ais-je déjà entendu un Adam parler à Arizona ? Il ne me semble pas.

Sujet: Re: adam+arizona, raconté par bill. Mer 11 Jan 2017 - 21:48

Ce soir j'ai envie d'être tranquille. Cette semaine à été assez éprouvante pour moi. Avec Kenyon, nous avons bossé sur une enquête où des jeunes filles de 14 ans était retrouvé nue, exposés dans des positions décadentes, après avoir été violés et égorgés. On a retrouvé le pourrit qui à fait ça, mais on a quand même mis presque trois semaines, ce qui à coûté la vie à six jeunes filles .. Le moment où on attrape le méchant est un moment de bonheur, on es heureux, fière de se dire que plus jamais cette personne ne fera de mal à qui que ce soit. Et puis on rentre chez nous et on se rappel le corps de toutes ses victimes. C'est un peu ce qu'il se passe ce soir. J'avais envie de passer chez Jace, me changer les idées et passer du temps avec lui mais je crois que mon coeur était au bord de l'implosion, j'avais besoin d'être seule. Après avoir été boire une bière avec Kenyon au bar, je rentre directement chez moi, profitant d'une douche salvatrice et d'un moment câlin avec mon petit chat. Je me fait réchauffer du risotto que j'avais fais la veille, me sert un verre de vin blanc et me pose devant la télé. Tout à coup j'entends la sonnette de mon appartement retentir. J'entends aussi mon nom, prononcé dans la bouche d'une homme que je ne connais pas. Enfin je ne reconnais pas la voix et pourtant au fond de moi je sais que je l'ai déjà entendu ! L'inconnu me donne finalement son nom. " C'est Adam " Adam .. Adam est plus ou moins le frère que j'ai perdu. Notre relation est tout de même plus complexe que deux personnes qui s'apprécie comme des frères et soeurs. Il était le meilleur ami de mon frère à l'époque où celui ci était encore en vie. Il était presque tout le temps fourré chez nous et il était très gentil avec moi. Quand mon frère est mort, un espèce d'accord tacite s'est installé entre nous. Il veillait sur moi et moi sur lui. Il savait qu'il pourrait toujours compter sur moi et inversement. Seulement aucun de nous n'a jamais vraiment fait appel à l'autre même quand il était dans le besoin. Parce que plus on est proche d'une personne, plus il est difficile de lui avouer qu'on touche le fond. Nous nous sommes toujours donnés des nouvelles, disant que tout allait bien même si ce n'était peut-être pas le cas. Et puis dernièrement, j'ai hausser un peu le ton avec Adam, un soir ou j'avais un peu bu, je lui ai reproché de ne pas avoir été assez présent pour moi quand j'en avais eu besoin, qu'il aurait dû le sentir, qu'il était comme mon frère mais que lui aussi était partie .. Et le voilà à présent devant la porte de mon appartement, alors que je ne m'attendais pas du tout à avoir de réponse de sa part.
Je me dirige vers la porte de mon appartement sans vraiment trop savoir s'il faut que je m'excuse tout de suite. Le chat dans mes bras, j'ouvre la porte et me retrouve face à cet homme qui était pourtant si présent avant.
« Adam, bonsoir. Qu'est ce que tu fais là ? Entre ! »